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8# Ferrari en rallye : des machines au cœur pur, taillées pour la guerre.

Lorsque l’on évoque Ferrari aujourd’hui, on pense forcément aux voitures légendaires qu’ils ont pu construire. On connaît forcément leur forte implication en sport automobile, et on repense forcément à Enzo Ferrari, qui vivait sa passion en créant des autos majestueuses.

La firme au cheval cabré de Maranello est souvent la marque emblématique de voitures que tout le monde connaît, même ceux qui sont loin de l’univers automobile. Ferrari, ce n’est pas une marque ordinaire : ce sont des autos d’exception, poussées à la limite, associant parfaitement pureté et violence. Des autos construites avec le cœur, pensées pour faire rêver. Une Ferrari impose le respect ! On ne salit pas une Ferrari !

Pourtant, entre 1978 et 1986, la marque a dérogé à la règle en allant se salir sur les routes de spéciales. Alors que le rallye est l’une des disciplines les plus en vogue du moment, Ferrari sort en 1975 la 308 GTB. Rapidement, sa conception frappe, de plus un nombre limité seront construites avec une carrosserie en fibre. Michelotto, un célèbre spécialiste de la préparation de Ferrari pour la piste, y voit un potentiel pour les routes sinueuses. Avec la bénédiction de la marque, il construit une Ferrari 308 GTB Groupe 4. L’aventure du cheval cabré en rallye démarre !

Après plusieurs essais, la voiture prend officiellement le départ d’épreuves des championnats d’Europe, d’Italie et de France. L’auto est rapidement compétitive. En 1981, Jean-Claude Andruet, vainqueur des 24 Heures du Mans 1972 dans sa catégorie sur une Ferrari, se voit confier la 308 GTB Groupe 4 pour le Tour de France. Grâce à son coup de volant unique, il leur offrira la victoire. Pour démontrer que ce n’est pas un hasard, il réitérera l’exploit l’année suivante. L’année 82 est glorieuse pour la 308 GTB : Tonino Tognana et Massimo De Antoni remportent le Championnat d’Italie des rallyes. Cette année-là, Ferrari brillera même dans la catégorie reine, encore une fois grâce à Jean-Claude Andruet, qui saura manier l’étalon italien jusqu’au podium du mythique Tour de Corse. A la veille de la saison 1983, l’équipe italienne Pro Motor Sport, a chargé Michelotto de créer une version Groupe B de la 308, quatre 308 GTB Groupe B verront alors le jours. Elles sauront imposer leur nom sur les spéciales asphalte d’Italie et d’Espagne.

Les ambitions de Michelotto et Ferrari vont alors s’accroître, avec l’objectif de créer une auto capable de rivaliser avec les monstres du Groupe B. En 1984, Enzo Ferrari présente la 288 GTO, une auto spécialement conçue pour le rallye. Dès 1985, les ingénieurs commencent à s’attaquer à l’Evoluzione, la version Groupe B de la 288 GTO. Tout est retravaillé sur la version GTO (Gran Turismo Omologata) : le moteur passe de 400 à 650 chevaux purement italiens, près de 370 km/h de vitesse de pointe, et deux turbos IHI pour propulser la bête en sortie de virage. Sans parler de la carrosserie bodybuildée qui leur sert d’armure. Une ligne splendide ! Cinq Ferrari 288 Evoluzione verront le jour, des autos au cœur pur, armées pour la guerre.

Malheureusement, le Groupe B prend fin avant même que l’auto ne puisse faire ses premiers tours de roue en compétition. Malgré cela, 272 exemplaires de la Ferrari 288 GTO seront vendus (avant même leur sortie). Parmi ces 272 exemplaires, cinq seront les versions ultimes prévues pour le Groupe B, nommées Evoluzione. Cette 288 GTO restera une auto légendaire, témoin d’une époque où Enzo Ferrari avait parié sur le rallye !

Calvin Fatin.