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15# La Lancia 037 Stradale : quand un règlement crée une légende.

Certaines autos sont intemporelles, tant elles ont su marquer des générations par les batailles qu’elles ont menées. Rappelez-vous l’année 1983 : la petite marque aux méthodes anciennes, Lancia, bat le géant Audi, pourtant doté de moyens colossaux et d’une technologie de pointe. Mais ce duel est bien connu, et beaucoup en ont déjà parlé. Ici, nous allons plutôt nous intéresser à la Lancia 037 Stradale, la version route.

La Lancia 037 Stradale est née grâce à une réglementation douteuse de la FIA, qui exigeait un minimum de 200 exemplaires de série servant de base à l’homologation du modèle en Groupe B. Et quelle chance avons-nous eue… Un championnat sans foi ni loi, un règlement bâclé, une technologie en perpétuelle évolution, des ingénieurs passionnés, le tout dans l’une des périodes les plus magnifiques de l’histoire automobile. Résultat : des voitures de compétition homologuées pour la route, splendides, performantes, et d’une dangerosité spectaculaire ont vu le jour. Grâce à ces décisions farfelues, l’histoire automobile a vu naître des monstres mécaniques devenus aujourd’hui de véritables légendes.

La Lancia 037 Stradale fut l’une des premières légendes de cette époque à voir le jour. Et quel chef-d’œuvre ce fut : un somptueux mélange de pureté et d’agressivité. Le dessin, signé par le légendaire Pininfarina, est tout simplement une œuvre d’art. Un avant effilé, mais agressif, prêt à dévorer l’asphalte, et un arrière qui, bien qu’il aurait pu être d’une simplicité déconcertante, se voit greffé (sur la groupe b) d’un imposant aileron transformant complètement la silhouette de l’auto. À couper le souffle.

La 037 est très anguleuse, ses lignes ne sont pas lissées, mais brutes. Pourtant, malgré cela, moteur éteint, elle dégage une aura majestueuse et pure, presque douce, bien loin de la violence qu’elle cache.

Mais ça, c’est moteur éteint. Lorsqu’elle démarre, c’est un autre monde… Le vigoureux 4 cylindres 2.0 litres, en position centrale arrière, sait se faire entendre et revendiquer ses 205 cv (325 chevaux pour la version Groupe B). Avec seulement 1 170 kg sur la balance, un châssis affûté, une caisse légère, un moteur idéalement positionné, et un compresseur pour envoyer la puissance aux seules roues arrière, l’auto était en avance sur sa concurrence. La version Groupe B remportera d’ailleurs le championnat face à l’Audi Quattro et ses monstrueuses quatre roues motrices en 1983.

Une auto au pedigree plus que légitime pour figurer parmi les légendes de l’automobile, dans les heures les plus glorieuses du sport auto. Produite en très petite quantité, c’est aujourd’hui une pièce de collection dont la valeur atteint des sommets indécents. Mais on n’achète pas une Lancia 037 pour sa sportivité. On l’achète pour la nostalgie d’une époque déconnectée de toute réalité.

Calvin Fatin.