Dans l’histoire de l’automobile, certaines voitures d’exception n’ont pas immédiatement connu le succès qu’elles méritaient à leur sortie. Certaines y sont parvenues bien plus tard, portées par des influences extérieures, parfois totalement étrangères à l’univers automobile. Le cinéma, par exemple, a su transformer des modèles oubliés en véritables icônes. La DeLorean en est le parfait exemple : grâce à Retour vers le Futur, elle a su transcender son échec commercial pour devenir une légende. Mais laissons cette histoire pour une autre fois, car aujourd’hui, nous nous intéressons à une autre star du grand écran : la mythique Aston Martin DB5, indissociable du plus célèbre des agents secrets britanniques.
L’Aston Martin DB5, c’est avant tout la voiture de James Bond dans Goldfinger (1964). À sa sortie en 1963, elle incarne déjà l’élégance et la performance à l’anglaise. Présentée par le patron lui-même, David Brown (dont elle porte fièrement les initiales), elle ne bouleverse pas les codes esthétiques de la marque, mais les sublimes. Son design, confié au carrossier Touring, reprend les principes du procédé Superleggera, qui allie finesse et légèreté. Le résultat est saisissant : des lignes sculptées avec une rare harmonie, une allure à la fois aristocratique et sportive, et une présence qui impose le respect.
Si son design n’est pas une révolution, son moteur, lui, l’est incontestablement. Le six cylindres en ligne de 3,7 litres issus de la DB4 est réalésé à 4 litres, et associé à trois carburateurs SU et une boîte à cinq rapports. Le résultat ? Une mécanique noble développant 282 chevaux, capable d’atteindre les 230 km/h, des performances remarquables pour l’époque. Mais au-delà des chiffres, la DB5 incarne un art de vivre, une certaine idée du raffinement britannique. On ne l’achète pas pour sa vitesse, mais pour l’aura qu’elle dégage, pour cette élégance intemporelle qui séduit au premier regard. C’est une automobile de gentleman, taillée pour l’élite.
Si la DB5 est aujourd’hui une légende, elle le doit en grande partie à son rôle dans James Bond. L’association entre cette GT d’exception et le personnage de 007 semble presque naturelle, comme si la voiture avait été créée pour incarner le style et le charisme de l’agent secret. Grâce à ce coup de projecteur, les ventes s’envolent en 1964 et 1965, sa dernière année de production.
Produite à seulement 1 021 exemplaires entre 1963 et 1965, la DB5 se décline en plusieurs versions, dans lesquels nous retrouverons seulement 77 Vantage. Lors de la transition vers la DB6 en 1965, il restait encore 37 châssis de DB5 en stock. Plutôt que de les laisser inutilisés, Aston Martin a eu l’ingénieuse idée de créer un modèle hybride, mêlant un châssis de DB5 aux éléments mécaniques et esthétiques de la DB6. Ainsi naquit la DB5 Volante, une rareté absolue qui conjugue le meilleur des deux générations.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Imaginez une version unique, spécialement commandée par David Brown lui-même. Trouvant sa DB5 trop exiguë pour ses parties de chasse avec ses chiens, il demande à la carrosserie Tickford d’en réaliser une version Shooting Brake (break de chasse). Entre 1965 et 1967, seuls 12 exemplaires furent produits, de véritables chefs-d’œuvre d’élégance à l’anglaise.
L’Aston Martin DB5 n’est pas une simple voiture : elle est un symbole. Un mythe roulant, conçu pour envoûter les amoureux de raffinement et satisfaire les plus exigeants.
Calvin Fatin.

