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9# La Jaguar Type E : le paroxysme de l’élégance anglaise. 

À sa présentation au salon de Genève en 1961, l’auto était si réussie qu’elle faisait tomber sous son charme les critiques les plus dures de son temps. En la voyant, Enzo Ferrari la qualifia de « la plus belle voiture jamais construite ». Aujourd’hui, nous vous présentons la Jaguar Type E, le paroxysme de l’élégance anglaise.

C’est une cathédrale mécanique, d’une pureté représentative de l’ultra-luxe des années 60. Tout en se positionnant sur la marche haute des sportives de l’époque, de plus elle coûtait deux fois moins cher qu’une Ferrari. Son valeureux 6 cylindres en ligne, conçu dans les années 40 mais retravaillé pour la Type E à 3.8L, développe 268 chevaux pour une vitesse de pointe de 240 km/h. En plus d’être ravissante, la belle sait se déplacer : elle embarque à son bord des technologies nouvelles pour l’époque, telles qu’une coque autoporteuse ainsi que quatre roues complètement indépendantes les unes des autres. De plus, la Type E a compris qu’aller vite ne fait pas tout : elle sera donc équipée de quatre freins à disque, assez rares dans les années 60 pour être soulignés. Vous avez le tableau, tout y est réussi. Jaguar avait un diamant brut, qu’ils ont poli pour créer la Type E.

Après ce succès grandiose des premières années, Jaguar proposa, dans un premier temps en 1964, que le vénérable 3.8L servant d’entrailles à la bête soit amélioré pour passer à 4.2L, toujours en 6 cylindres en ligne. Les performances sont légèrement améliorées, mais il serait mensonger de dire qu’on perçoit une grande différence. La série 2 vit rapidement le jour en 1968, avec principalement des modifications esthétiques qui dénaturent légèrement les belles lignes de l’auto, et ce, pour se conformer aux normes américaines, qui bridaient la voiture à 170 chevaux… À noter aussi une série 1.5, produite pendant une année en 1967, finalement un mix entre la série 1 et la série 2, avec une motorisation bridée pour l’Amérique.

En 1971, la splendide série 3 vit le jour. Quelques modifications esthétiques, telles que l’élargissement des voies modifiant très légèrement la ligne, mais le gros du travail concernait la partie mécanique. Avec l’installation d’un magnifique V12 5.3L de 272 chevaux, il fallait une déclinaison de la Type E en V12 : un moteur de légende, dans une voiture de légende ! Cette architecture mécanique se devait d’avoir sa place sous ce très long capot.

Aujourd’hui, dans le domaine de l’automobile de collection, la Type E n’est pas une voiture rare, puisqu’il s’en est vendu plus de 72 000 exemplaires. Vous aurez donc l’occasion d’en voir. Quand vous serez devant, prenez un instant pour admirer ces lignes, observer ces rondeurs. Si la chance vous sourit, peut-être verrez-vous la cathédrale mécanique, à 6 ou 12 cylindres. Imaginez les ingénieurs assembler cette machine à la main, à la lueur d’une lumière jaunâtre. Une fois que vous aurez pris conscience du travail accompli pour dessiner et créer cette auto, du remue-méninge des hommes qui ont pensé ce bijou, vous pourrez alors vous mettre à la place d’Enzo Ferrari en 1961 et affirmer qu’il s’agit bien de « la plus belle voiture jamais construite ».

Calvin Fatin.