En 1962, le projet M63 est lancé par la jeune marque Alpine, avec pour objectif de participer aux 24 Heures du Mans 1963, d’où son nom. Après avoir négocié avec Renault l’obtention du moteur Gordini fraîchement développé, Jean Rédélé et sa petite équipe se lancent dans la construction d’un prototype destiné au célèbre tracé du Mans. Le tout dans une atmosphère pressante, avec seulement quelques mois pour développer et construire la voiture.
La M63 voit ainsi le jour : une petite voiture légère dotée d’un châssis tubulaire innovant, qui servait également de conduit pour les fluides. Elle est équipée d’un moteur Gordini de 996 cm³ développant 95 chevaux bien entraînés, propulsant les 620 kg de la belle Alpine à près de 220 km/h dans la ligne droite des Hunaudières.
Son secret réside dans un indice de pénétration dans l’air (le Cx) exceptionnellement bas, seulement 0,15 ! Cela grâce à une merveilleuse carrosserie en polyester dessinée par Marcel Hubert, qui confère à la M63 une allure de goutte d’eau. Son poids plume est son meilleur atout, mais aussi son point faible : à haute vitesse, notamment dans la ligne droite, elle devient instable.
Au 24 h Mans 1963, comme prévu quelque mois plutôt, trois châssis prennent le départ : les #1701, #1702 et #1703. Malheureusement, aucune ne verra l’arrivée. La #1701 abandonne après huit heures de course en raison d’un problème d’embrayage, et la #1703 casse une bielle à une heure de l’arrivée. Quant à la #1702, elle connaît un sort tragique : son pilote, Bino Heins, se tue dans la courbe des Hunaudières, et la voiture est détruite.
Ces autos continueront de courir entre 1963 et 1965. Au total, seulement sept châssis seront construits par l’écurie Alpine. La voiture #1701, est aujourd’hui exposée au Japon dans le musée de Mr.Kato. Les quatre autres voitures encore existantes (#1703, #1704, #1705, #1707 et #1708) circulent entre collectionneurs et musées. Il y a une dizaine d’années, le châssis #1705 a été enfin assemblé par un passionné : grâce à l’expertise de Jean Charles Rédélé et l’expérience de Jean Paul Humbert (ex-directeur de EPAF), à partir du châssis de réserve, d’une carrosserie et des trains roulants d’époque qui avaient servi de pièces de secours pour Les 24h du Mans 1963.
De splendides voitures au profil taillé pour la piste, avec un passé riche et digne des grandes heures du sport automobile Français.
Calvin FATIN.
